14 Avril 2013
Champ global de l’animation
Nous n’allons pas revenir sur l’Histoire de l’animation, bien qu’elle explique parfaitement la place qu’elle occupe au sein de notre société actuelle.
Pour commencer, la classification INSEE supprime en 2003 le domaine d’ « animateur socio-culturel» au profit de « profession intermédiaire ». Aujourd’hui, on compte environ 110 000 salariés.Nous pouvons constater que seulement 30% des individus travaillant dans l’animation sont en temps complets (CDI). Une majorité importante est donc en situation précaire ; ou à temps partiel. Tous secteurs confondus (culture, sport, humanitaire, santé…), on énumère environ 150 000 animateurs-trices en France.
Cependant, certains considèrent que l’animation est constitué principalement de professionnel, c’est-à-dire, d’individus possédant un diplôme de niveau IV ou III minimum dans le domaine de l’animation, délivré par la DRJSCS. L’animation est leur profession, ils y consacrent toute leur journée de travail. Ils interviennent dans différentes structures, comme les AL, les centres socioculturels, les maisons pour tous, les CHRS, les EHPAD etc. Parfois militant dans différentes associations, ils sont actifs au quotidien et sont porteurs de valeurs qu’ils transmettent dans leurs actions.
D’autres élargissent ce champ à des animateurs sans diplômes, en situation précaire, travaillant pour combler les « fins de mois », intervenant en accueil périscolaire, pendant les pauses méridiennes. Répondant aux demandes de la structure, ils mettent en place des activités (manuelles, sportives, ludiques, culturelles, de découverte etc.) afin de participer au développement du public dont il s’occupe.
Ces deux « styles d’animateur » font vivre le champ de l’animation, travaillant chacun dans des milieux, des domaines différents. Les salariés revendiquent leur fortement cette appellation et aspirent fortement à une reconnaissance professionnelle du métier.
La place des femmes dans l’animation
L’animation est aujourd’hui un métier essentiellement féminin. Ceci s’explique notamment par la venue dans ce secteur de femmes intervenant dans d’autres secteurs déjà très féminisées, comme la petite enfance, les périscolaires, les RAM (Relais Assistantes Maternelles). « La féminisation du groupe professionnel des animateurs croît fortement depuis le milieu des années 1990. Les femmes représentent 56% des animateurs en 1982 ; en 2002 (71%) des membres du groupe sont des femmes, un taux de féminisation semblable à celui des professions de la santé et du travail social (76,9%) » (F. Lebon, id., p. 48).
De plus, les études dites « sociales », comme par exemple l’IUT carrière sociale, sont principalement suivies par des femmes. La division du travail a amené les hommes a occupé un poste de direction ou d’encadrement, pourtant minoritaire dans les formations initiales.
La division du travail entre hommes et femmes correspond à la diversification des secteurs d’activités et des compétences attendues.
Ces emplois précaires sont souvent visés par des jeunes, étudiants, devenant animateurs-trices, le temps d’un mois d’été, ou pendant les périodes dites « périscolaires ». Ils considèrent le métier comme « cool ». « Il suffit de garder quelques enfants le temps de la journée, de les occuper en jouant avec eux »m’a répondu un jeune lycéen. De plus, le faible niveau de formation permettant de pratiquer les plus simples fonctions de l’animateur impose une utilisation optimale des ressources humaines. Le recrutement fait donc appel aux compétences que chacun détient, issu du champ social, familiale, et l’expérience acquis au fil des années. C’est là qu’intervient donc les compétences sexuées.
Nous pouvons observer dans l’animation une complémentarité non négligeable des compétences sexuées. Deux catégories peuvent être relevées :
-La séparation des loisirs dites « masculines » et « féminines » :
Les enfants ont tout de fois besoin de cette différence pour la recherche de modèles nécessaire à la réalisation de soi.
-L’opposition de l’autorité à l’affectif :
Non pas que les enfants ne soient pas affectif avec les animateurs. Mais tous le reconnaissent : ils sont heureux quand des animateurs sont présents sur les structures. Ils vont représenter l’autorité face à des garçons difficiles par exemple. En revanche, un petit qui pleure quand sa mère la dépose à l’accueil de loisirs ira plus facilement vers une animatrice. Finalement, la responsabilité du travail repose sur la représentation de l’enfant (M. Bacou, 2006). Le couple animateur va représenter aux yeux de l’enfant le couple parental, garant de la stabilité affective et de la sécurité (J. Vari, 2006).
Femmes et mixité dans l’animation
La mixité, c’est d’abord la présence commune des garçons et des filles à l’école. La loi de Jules Ferry en 1881 « marque une étape : non mixte, elle est égalitaire dans ses programmes et (presque) dans ses maîtres, les institutrices faisant figure de premières intellectuelles » (M.Perrot, in Sciences Humaines hors-série dec.2005 p.13). Le débat se lance alors dans les mouvements de jeunesse, sans réel succès. C’est en 1944 avec la création des Francas que le sujet est alors relancé. La mixité se généralise alors entre 1957 et 1975, pour des raisons de massifications scolaires (réforme Haby, Collège Unique), et l’amenuisement des mouvements de résistances (vote des femmes, entrée massive sur le marché du travail, le divorce, l’avortement et la contraception). Mais cette mixité à l’école est plus ou moins effective dans les temps de vie de l’enfant. La mixité est en effet totale à l’école, mais sur le reste du temps ? A la cantine ? Le temps de récréation ? Dans l’accueil périscolaire ? A l’ALSH ? Ils n’ont aucune obligation d’être ensemble, et il semble même préférer la compagnie de leur pair.
Mais focalisons-nous sur le temps libre de l’enfant, extérieur au champ scolaire, et plus précisément sur les moments où il intervient dans le domaine de l’animation.
Sur les temps périscolaires, d’accueil de loisirs ou encore centre de vacances, divers animations sont proposées : sportives, culturelles, artistiques, manuelles, jeux extérieurs…
Il leur est accordé un temps libre. On peut d’ailleurs se demander s’il ne sert pas à la décompensation à l’obligation de la mixité vécue à l’école. Comme dans la cours de récréation, les filles et garçons se regroupent, dans des activités communes. Mais on peut se demander si l’énoncé même de ces choix (foot ou gym, jeux extérieurs contre activités manuelles etc.) ne participe pas à l’homogénéisation des groupes. Cette ségrégation conséquence du « libre choix » est accompagnée, en partie, par l’encadrement. Un des rôles des directeurs est d’alors trouver une certaine parité entre ses animateurs, afin de proposer un panel suffisamment diversifié pour répondre aux attentes et envies de chacun. Mais à cela s’enchaine un soucis : les animatrices se trouvent face à des difficultés considérables avec les garçons faute d’une légitimité institutionnelle suffisamment forte, et parce que l’offre de loisirs qu’elle propose ne convient pas à ce public masculin déjà organisé en groupe. Il renforce l’association autorité/homme et installe la contestation de l’autorité féminine. Les animatrices sont parfois obligées d’adopter des postures masculines.
Diagnostic réalisé par la mairie F (E. Maruejouls, 2006) :
-Les filles disparaissent progressivement du secteur public de loisirs à partir de 12 ans.
-Les filles restent cependant dominantes dans les activités culturelles et artistiques (danse, théâtre)
-Peu d’entre elles fréquentent les structures sportives mis à disposition.
La femme et les métiers de l’animation, une situation paradoxale et violente :
L’offre publique qui se dit neutre est en fait essentiellement tournée vers les garçons. Alors que les femmes sont nettement majoritaires, le model professionnel qui leur est le plus souvent proposé se fonde sur des rôles de genre, qui stipulent la complémentarité hommes/femmes, cela pour le bon fonctionnement affectif de l’enfant. De plus, la proposition de loisirs encourage la construction des identités sexuées à travers des pratiques non mixtes, ce qui renforce le lien entre les garçons, et « leur secteur » (j’entends par secteur ce qui est évoqué plus haut, à savoir les lieux publics, les structures sportives, les maisons de jeunes, de quartier etc.).
Cette situation n’est pas exceptionnelle, et se retrouve partout. Elle n’est pour l’instant pas étudiée pour une raison simple : la variable « sexe » ne fait pas partie des priorités des chercheurs qui travaillent dans l’animation. Cette variable « sexe » est occulté par la variable « classe », la variable « ethnique ». Qu’ils soient garçons ou filles, il faut s’occuper d’eux car ils sont en difficultés, ou « issus de l’immigration ». La non reconnaissance de la variable sexe consacre d’une part une culture professionnelle non mixte, et ignore d’autre part les pressions que subissent les animatrices peu valorisées dans la commande qui leur est faite de s’occuper des jeunes.
Pour répondre à cela, certaines communes ont jugé nécessaire de faire appel à des « grands-frères », jeunes déjà issus de la cité, crains et respecté au sein de celle-ci, afin de réguler, réduire les violences au sein du quartier. Beaucoup d’entre elles (les communes) ont cru trouver la solution, mais on peut penser que celle-ci n’est pas la bonne solution pour diminuer la violence et l’ethnicisassions des rapports des sexes…